La pilule et le tabac
La pilule et le tabac ne font pas bon ménage, c'est de notoriété publique. Il faut néanmoins nuancer. Ce que l'on redoute, vous le savez, c'est de voir les vaisseaux se boucher et la circulation s'interrompre.
Un vaisseau se bouche dans deux circonstances :
- Le sang coagule à l'intérieur. Ce sont des accidents, de survenue brutale.
Quand ça se passe dans une veine, c'est la thrombose veineuse et cela survient principalement au niveau des membres inférieurs.
Quand ça se passe dans une artère, c'est la thrombose artérielle sur une artère malade mais plus souvent chez la femme en âge de procréer, l'embol, dû à un caillot qui se déplace et vient boucher l'artère, surtout au niveau cérébral.
- Le vaisseau se rétrécit au point que la circulation ne puisse plus se faire. C'est le plus fréquemment les coronaires, ces artères qui nourrissent le coeur qui sont touchées. Le résultat, c'est l'infarctus du muscle cardiaque, le myocarde. Le mécanisme est lent à se constituer. Il s'agit donc d'un risque à long terme.
Quelles modifications la pilule occasionne-t-elle qui modifient ce risque ?
Une des hormones, l'oestrogène, utilisées dans la confection de la pilule est responsable d'une légère augmentation de la tendance à coaguler du sang. L'autre, le progestatif, peut modifier les composants lipidiques, cholestérol et triglycérides. Ces changements favorisent la formation le plaques qui entartrent en quelque sorte les vaisseaux.
Très schématiquement, en vous demandant de retenir plus les tendances que les chiffres qui peuvent être sujets à contestation, il faut retenir les notions suivantes :
Une femme a un risque de 5 pour 100000 à l'état de base.
Si elle prend une pilule moderne, sans autre facteur de risque, ce chiffre ne varie que très peu. C'est valable pour les trois pathologies, thromboses, embols et infarctus.
Pour le reste, on peut adopter la règle des 7. Chaque situation de risque supplémentaire multiplie par 7.
- Si elle fume plus de 15 cigarettes par jour, le risque est multiplié par 7. Ca ne fait que, si j'ose dire, 35 pour 100000, soit 4 pour dix mille. Ca n'autorise pas à interdire la pilule à cette patiente
- Si, en plus, elle a dans sa famille des personnes qui ont souffert d'accidents vasculaires ou d'infarctus, multiplié par 7.
- Si elle a plus de quarante ans, multiplié par 7.
A l'avenir, on pourra beaucoup mieux cerner le problème de la prédisposition aux accidents. On identifiera des gènes qui alertent sur le risque.
Actuellement, votre médecin a la possibilité de tester assez grossièrement ce risque. Il connaît ces molécules : lipoprotéine a et HDL Cholestérol pour le risque de rétrécir les artères. Antithrombine III, les protéines C et S et un inhibiteur de l'activation du plasminogène pour le risque de faire un caillot. Il dispose aussi du test de résistance à la protéine C activée, particulièrement important pour la prescription des pilules dites de troisième génération. On peut s'en servir chez une personne à haut risque statistique chez qui on n'aurait pas d'autre choix que celui de la pilule.
Le 16/07/2004
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