Contraception pour hommes : où en sont les avancées ?
Aujourd’hui, 7 avril 2016, est célébrée la
journée mondiale de la santé. Pour cette occasion, nous avions envie de vous parler contraception. Pas celle que vous connaissez déjà, mais celle dont personne ne parle... la
contraception masculine !
Les modes de contraception existants : petit tour d’horizon
Le préservatif masculin
Largement répandu et connu, le préservatif permet de bloquer le sperme et donc les spermatozoïdes. Il constitue également une barrière aux maladies et infections sexuellement transmissibles.
La vasectomie
Ce seul mot effraie beaucoup d’hommes qui y voient une atteinte à leur virilité. Petit rappel : la vasectomie est une
opération chirurgicale qui consiste à couper ou bien bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes. Elle est effectuée sous anesthésie locale et dure environ 10 minutes.
Cette technique a un caractère
irréversible. Néanmoins, certains couples ont pu avoir un enfant après une
vasovasostomie, une opération ayant pour but de rendre leur perméabilité aux canaux. Pour autant, il ne faut pas compter là-dessus puisque le résultat est très aléatoire. Il est également possible de faire congeler du sperme avant l’opération afin d’avoir une solution de secours.
Les français sont très timides concernant la vasectomie, seulement quelques centaines d’hommes se font opérer chaque année. À titre de comparaison, 16% des américains passent par cette technique et 50 000 allemands la choisissent chaque année.
Moi, un problème avec la vasectomie ?
La contraception hormonale masculine
S’il n’existe pas encore de pilule pour les hommes, on trouve néanmoins un traitement hormonal visant à interrompre la production de spermatozoïdes. Il consiste en une injection de testostérone et de progestérone, par voie intramusculaire, une fois par semaine. Il est effectif au bout de 1 à 3 mois et ne peut durer que 18 mois. Il ferait alors office d’alternance avec la contraception féminine. Autrement dit, chacun son tour ! Les effets secondaires sont les mêmes que pour la pilule féminine, apparition d’acné, prise de poids, dépression, augmentation ou baisse de la libido...
Cette contraception est
réversible, dans une durée de 3 à 4 mois après l’arrêt du traitement.
Il faut savoir qu’elle a été validée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et pourtant, très peu de médecins la prescrivent. L’une des raisons ? Il y a très peu de spécialistes des appareils génitaux de l’homme et cette technique demande un suivi sérieux et régulier.
La contraception masculine thermique
Une autre méthode de contraception masculine existe, basée cette fois sur la
température des testicules. Pour information, celle-ci est inférieure de 2 à 4 degrés à la température corporelle, afin de permettre la spermatogenèse, ou création de spermatozoïdes. L’objectif va alors être d’augmenter cette température afin de bloquer la production. Pour ce faire, les testicules vont être remontés afin de bénéficier en permanence de la chaleur du corps. Des sous-vêtements adaptés sont utilisés pour les maintenir dans la bonne position.
Cette contraception est effective au bout de 2/4 mois, peut durer jusqu’à 4 ans et est réversible dans une période de 6 à 9 mois après l’arrêt du traitement. Là encore, la méthode n’est pas répandue et il est difficile de se la faire prescrire.
Et il faut les porter 15h par jour ? Okay.
Et la pilule dans tout ça ?
Il est beaucoup question d’un mode de contraception masculin qui se rapprocherait de la pilule. Le fait est que le fonctionnement du système reproductif des hommes est très différent de celui des femmes et plus compliqué à maîtriser. Se baser alors sur les contraceptions réservées à la gent féminine n’est pas forcément la solution adaptée.
Des études sont menées, notamment en Inde, afin de trouver un modèle viable. Des chercheurs Indiens travaillent ainsi sur un liquide qui paralyse les spermatozoïdes. Il est administré en 1 seule injection et effectif pendant 10 ans. L’avantage conséquent par rapport à la vasectomie est que cette technique serait complètement réversible, grâce à un lavage du produit.
Aller au-delà du tabou
Le véritable problème, au-delà des questions techniques, est le
tabou qui plane au-dessus de la contraception masculine. La plupart des hommes y sont opposés ou ne connaissent pas les enjeux qui gravitent autour de cette question.
De quoi parle-t-on ? Simplement d’une
égalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le non-désir d’enfant. Lorsqu’un couple veut un enfant, les deux personnes sont impliquées et chacun apporte une partie de lui-même dans le processus. Curieusement, ce n’est pas la même chose lorsqu’il s’agit de ne pas en avoir. Les femmes portent à l’heure actuelle le poids de la contraception et les
responsabilités qui en découlent.
Oui, les responsabilités, c’est lourd.
Certaines associations comme le Planning familial ou bien ARDECOM, un collectif d’hommes qui milite pour la contraception masculine, tentent d’introduire la question dans le débat public et d’améliorer les méthodes actuelles.
Les réticences ne sont pas que du côté des hommes, mais aussi beaucoup du côté des femmes. Certaines n’ont pas
confiance en leur partenaire concernant cette responsabilité. Cette
infantilisation des hommes est due à une trop grande pression que les femmes s’infligent (à juste titre, puisque une grossesse n’est pas à prendre à la légère) concernant leur contraception. C’est une véritable obsession dont on n’imagine pas se défaire. Elle vient également du fait que si l’homme oublie sa contraception ou ne la respecte pas, c’est elle qui va en subir physiquement les conséquences.
Au fond, le problème flagrant est le
manque de communication autour de ces questions. Des explications et de la
pédagogie éclaireraient un nombre important de personnes et en feraient sans doute changer d’avis la plupart.
Certes, les solutions existantes peuvent paraître effrayantes ou bien contraignantes mais c’est également le cas pour les contraceptions féminines.
La recherche en contraception masculine avance lentement, mais elle avance. Après le partage des tâches, préparez-vous au partage de la contraception. Pour le plus grand bonheur des femmes… et des hommes ! Parce qu’
être l’égal de sa moitié, c’est quand même la plus belle des récompenses.
Le 04/04/2016
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