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Être une femme et ne pas vouloir d’enfants : un tabou qui persiste

 
Encore aujourd’hui, il est inconcevable pour certaines personnes qu’une femme ne veuille pas d’enfant. Elles sont pourtant nombreuses à faire ce choix, et revendiquent la liberté d’utiliser leur corps comme elles le souhaitent. La rédac’ fait un point sur ce tabou tenace.





Un choix assumé, et pourtant décrié

Si les différentes vagues d’émancipation de la femme ont permis d’énormes progrès en matière de liberté et d’égalité, certains tabous demeurent ancrés dans notre société. C’est notamment le cas pour le non-désir d’enfant. Certaines femmes, pour des raisons qui leur sont propres, ne désirent pas avoir d’enfant. Ni maintenant, ni jamais. Elles exercent ainsi un droit fondamental à tout être humain, la pleine possession de son corps.

Gif de Wonder Woman
Ce jour où tu cries au monde que non, tu n’auras pas d’enfant.

Pourquoi alors tant de remarques, d’oppositions et de rejets ? Parce qu’une femme, « c’est fait pour procréer ». Cette évidence, pas si évidente, reste stable dans notre société, renforcée par des idéologies imprégnées de tradition et d’un certain catholicisme.

Des femmes, et des hommes, ne se reconnaissent pas dans cette injonction à la maternité, mais plutôt dans une structure forte du couple, ou un célibat assumé. Avoir des enfants et risquer de le regretter ensuite ? “Non merci” répondent des personnes interrogées. Il faut vraiment vouloir un enfant pour être heureuse ensuite, comme en témoigne cet article publié par Rue89, qui fait parler des mères ayant des remords vis-à-vis de leur grossesse.

Mais, le plus dur, ce n’est pas de prendre cette décision, c’est le regard et les commentaires des autres. Petit florilège de remarques entendues, juste en-dessous ↓
 

Des commentaires parfois blessants, toujours inappropriés, jamais justifiés

Comme on vous le disait, exprimer son souhait de ne pas avoir d’enfant engendre souvent des réflexions désagréables. Celles-ci peuvent provenir de l’entourage et, pire, de certains professionnels de santé. Voilà quelques perles entendues par des membres de la rédac’ ou piochées sur le blog L’école des soignants.

Un entourage parfois insistant

Lorsqu’on a discuté de cet article à la rédac’, et des phrases que chacune avait pu entendre sur le fait de devenir mère, l’une d’elles est revenue dans toutes les bouches : “ Alors, le bébé, c’est pour quand ?”. C’est elle, cette fameuse question qui survient dès que l’on a passé le cap des deux ans avec Monsieur. Elle n’est pas foncièrement désagréable, mais son caractère automatique et intrusif peut se révéler très agaçant lorsqu’on ne peut pas avoir d’enfant, ou qu’on n’en veut simplement pas.

Gif de femmes choquées
Quand on te demande si tu vas enfin faire un enfant.

Il existe d’autres commentaires beaucoup plus désobligeants, dont on se passerait facilement. Vous discutez avec votre voisine, un poil trop curieuse, ou votre tante aigrie (on demande pardon à toutes les voisines adorables et aux tantes bienveillantes), et, tout à coup, la conversation s’oriente sur vous et votre ventre vide (excepté ce délicieux muffin que vous venez d’engloutir) :

  • « Tu n’aimes pas les enfants ? »
  • « Tu es égoïste. »
  • « Tu changeras d’avis. »
  • « Vouloir des enfants c’est la nature humaine. »
  • « Il va falloir y penser, l’horloge tourne » avec, en bonus, un petit geste qui mime la folle avancée du temps sur une montre…
 
Liste non exhaustive, bien sûr. Plusieurs options s’offrent à vous pour répondre à ces douces paroles :

  • Essayez de vous justifier. Si vous arrivez à convaincre votre interlocutrice, chapeau ! Aucune de nous n’a jamais réussi.
  • Mettez-vous en colère. Deux résultats possibles : votre coup de gueule est assez fort et provoque une prise de conscience chez la personne en face de vous. Ou bien, vous la vexez et risquez de ne plus être invitée à manger le rôti du dimanche.  
  • Tournez les talons et plantez la personne sur place. Parfois la diplomatie et les cris sont sans effet, seule reste l’indifférence. 
 
Les femmes qui ont déjà eu des enfants sont majoritairement à l’origine de ce type de remarques, d’où le choix de la voisine et de la tante. Néanmoins, vous pourrez également les entendre de la bouche d’hommes, qui n’ont jamais porté d’enfant… (jusque là, c’est logique).

Gif d'un homme qui fait semblant d'accoucher
Pas d'utérus, pas d'opinion.

Des personnels de santé qui en oublient le professionnalisme

Si vous pouvez aisément passer outre les commentaires de vos proches, la désillusion est forte lorsqu’ils viennent de professionnels de la santé. L’article “La violence verbale des professionnels de santé contre les femmes sans enfant (et qui veulent le rester)”recensent des phrases entendues par des femmes qui ont exprimé leur non-désir d’enfant devant un praticien. Nous avons sélectionné celles qui nous ont le plus choquées :
 
  • « Les femmes comme vous, ça devrait se faire soigner ! »
  • « C’est le mari qui n’en veut pas c’est ça ? Vous savez, à notre époque on n’obéit plus à son mari. Une pilule ça s’oublie. »
  • « C’est pas normal de ne pas vouloir d’enfant vous savez. Je peux vous donner l’adresse d’un confrère qui peut vous aider. »
 
Et il y en a plus encore dans le billet… Comment réagir face à ce genre de comportements ? Changez de médecin ou de gynécologue. Les remarques répertoriées sont inacceptables et vous n’avez pas à les entendre plus d’une fois.

Gif d'une femme qui hurle
Quand ton gynéco te dit que tu n’es pas normale.

Un groupe de militantes recense sur un site des professionnels de santé féministes.  C'est-à-dire, qui respectent les choix des patientes concernant leur corps et qui sont prêts à les guider, quelque soit leur projet. Ce blog est collaboratif, ce sont les internautes qui rapportent leurs expériences positives et qui nourrissent la liste.
 

Le difficile accès à la contraception définitive.

Certaines femmes veulent aller plus loin qu’une simple décision et une contraception “classique”, en envisageant la stérilisation. C’est un véritable parcours du combattant qui s’annonce pour elles. Si la France est encore frileuse concernant la vasectomie pour les hommes, elle l’est encore plus pour la contraception définitive des femmes.

Une majorité de spécialistes est encore hostile à cette pratique, ne voulant pas s’engager dans un choix si définitif. La loi l’autorise pourtant depuis 2001, mais ils possèdent un droit de réserve qui leur permet de refuser de pratiquer l’intervention. C’est un pouvoir à respecter. Néanmoins, le texte les incite à conseiller un confrère qui la réalise. Certains le font, mais d’autres campent sur leur position et ne font qu’accabler les patientes.

Martin Winckler, médecin et essayiste français, est un fervent défenseur du droit des femmes à disposer de leur corps et tient à jour régulièrement une liste de professionnels qui effectuent les opérations de stérilisation. C’est malheureux et peut s'avérer complexe mais c’est à vous de dénicher la personne à même de vous conseiller et de vous aider au mieux.
 

Comment lever ce maudit tabou ?

C’est bien beau tout ça, mais comment se débarrasser de ce pernicieux tabou ? Une seule chose à faire : en parler ! Vous ne voulez pas d’enfant ? Dites-le ! Vous aurez la paix par la suite, serez libérée de la pression qu’on exerçait sur vous et permettrez à certaines personnes d’ouvrir les yeux.

Pour beaucoup de gens, être une femme et avoir des enfants, c’est la norme.  Ils n’ont jamais réfléchi au fait qu’on pouvait décider de ne pas en vouloir, que l’instinct maternel n’existe pas naturellement chez tout le monde. Certains de vos interlocuteurs se révèleront être très compréhensifs. Pour les autres... on s’en fiche. Vous exercez un droit qu’on ne peut vous enlever et qui ne dépend que de vous.

Que vous ayez peur des enfants, envie de pouvoir partir à l’autre bout du monde sur un coup de tête, sans traîner couches et biberons, ou préserver votre silhouette de rêve, c’est votre vie. Et surtout, votre corps.

Bien sûr, ça peut très vite devenir pénible de faire face à la fameuse question «pourquoi ? ». Mais si vos réponses permettent une prise de conscience, si « femme = mère » n’est plus une évidence, alors le tabou disparaitra tout seul, balayé par les générations futures. Et ça, ce sera un peu grâce à vous.
 

Gif de Zombie Boy

Vous en savez maintenant plus sur ce tabou qui plane encore au-dessus de nos têtes. N’hésitez pas à partager les remarques que vous avez pu entendre concernant le non-désir d’enfant, nous les ajouterons à cet article. Pour ça, direction notre page Facebook ou les commentaires, juste en-dessous. 
Le 25/05/2016

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